Femme professionnelle en bureau avec dossier assurance

Décennale : pourquoi souscrire ? L’essentiel à savoir

22 décembre 2025

En France, tout constructeur engage sa responsabilité pendant dix ans après la réception des travaux, même si le chantier concerne une simple extension ou une rénovation. La loi Spinetta de 1978 impose à une large catégorie de professionnels du bâtiment une couverture obligatoire, sous peine de lourdes sanctions financières et pénales.

Le moindre défaut de souscription expose à l’impossibilité de travailler aussi, à la nullité de certains contrats et à des risques majeurs en cas de sinistre. Malgré des obligations claires, de nombreux professionnels négligent encore cette garantie, souvent par méconnaissance des risques encourus.

L’assurance décennale, c’est quoi exactement ?

Impossible d’y couper : la garantie décennale occupe une place à part dans la construction. C’est un filet protecteur pour le maître d’ouvrage et les acquéreurs, conçu pour intervenir face aux vices et malfaçons qui pourraient fragiliser la solidité de l’ouvrage ou empêcher son usage normal. D’un point de vue légal, la responsabilité décennale suit le constructeur, qu’il soit entreprise, artisan ou auto-entrepreneur, dix ans durant à compter de la réception des travaux.

Cette assurance ne fait pas les choses à moitié : la décennale couvre les dommages majeurs qui impactent le gros œuvre, la charpente, la toiture, les fondations ou tout ce qui mettrait en péril la stabilité ou l’étanchéité du bâtiment. Les petits tracas sans conséquence sérieuse, eux, restent hors champ.

Que couvre la garantie décennale ?

Voici concrètement les situations où la garantie entre en jeu :

  • Dommages affectant la solidité de l’ouvrage : fissures structurelles, affaissement de plancher, effondrement partiel.
  • Désordres rendant l’ouvrage impropre à sa destination : infiltrations majeures, défauts de construction empêchant l’usage normal.
  • Éléments indissociables de l’ouvrage : la garantie décennale concerne aussi les équipements indissociables, intégrés à la structure même.

La garantie décennale assurance doit obligatoirement apparaître dans le contrat du professionnel, et une attestation d’assurance décennale doit être fournie au client. Ce n’est pas un détail administratif : sans cette preuve, le maître d’ouvrage comme le constructeur se retrouvent sans filet face à des réparations lourdes, parfois plusieurs années après la livraison.

Quels professionnels sont concernés et pourquoi ?

Dès qu’il s’agit de bâtir, d’agrandir ou de rénover en profondeur, la décennale devient un passage obligé pour de nombreux professionnels du bâtiment. Architectes, entreprises générales, artisans, auto-entrepreneurs et maîtres d’œuvre, tous doivent répondre à cette obligation dès lors qu’ils jouent un rôle dans la structure ou l’étanchéité d’un ouvrage neuf ou en rénovation lourde. La règle est claire : si l’intervention touche à la solidité, la garantie décennale s’impose.

Le texte de loi ne laisse aucune marge : toute entreprise ou tout artisan qui réalise, conçoit ou coordonne des travaux de construction pour un maître d’ouvrage doit souscrire une assurance décennale. Les métiers techniques ne sont pas épargnés : plombiers, électriciens, menuisiers, dès lors que leur travail influe sur la solidité ou l’usage du bâtiment, entrent dans le champ d’application. Même les auto-entrepreneurs, parfois oubliés, sont concernés lorsqu’ils interviennent sur des chantiers relevant du secteur de la construction.

Pour les sous-traitants, la règle diffère : ils échappent à l’obligation de souscrire une assurance décennale, car ils n’ont pas de contrat direct avec le client final. Pourtant, beaucoup de maîtres d’ouvrage et d’entreprises générales réclament une attestation d’assurance à tous leurs partenaires, gage de sérieux et de fiabilité sur le chantier.

Faire l’impasse sur cette assurance, c’est courir de gros risques : sanctions pénales, impossibilité de facturer, voire engagement de sa responsabilité personnelle en cas de sinistre. La décennale professionnelle se pose ainsi en sésame pour accéder à la majorité des marchés, publics ou privés, où la sécurité juridique ne se négocie pas.

Obligations légales et risques à connaître avant de se lancer

L’encadrement réglementaire ne laisse place à aucun doute : la loi Spinetta de 1978 rend obligatoire, avant tout début de chantier, la souscription d’une assurance responsabilité civile décennale pour tous les constructeurs. Qu’il s’agisse d’un immeuble, d’une maison individuelle ou d’une rénovation lourde, le code des assurances et le code civil encadrent strictement cette garantie.

Dès la signature du contrat, le professionnel est tenu de remettre au maître d’ouvrage une attestation d’assurance décennale. Sans ce document, impossible de démarrer les travaux, notamment dans le neuf ou sur les marchés publics. Les contrôles se sont multipliés, et un manquement expose à de lourdes sanctions : jusqu’à six mois de prison et 75 000 euros d’amende. Au-delà de la réparation des dégâts, la responsabilité peut même engager le patrimoine personnel du constructeur si le sinistre n’est pas couvert.

La responsabilité civile professionnelle complète ce dispositif, mais ne remplace jamais la décennale. Leur logique diffère : la première couvre les dommages causés à des tiers pendant le chantier, la seconde s’active pour les désordres majeurs relevés après la réception des travaux et impactant la solidité ou la destination du bâtiment.

Avant de se lancer, il convient d’évaluer précisément le coût de l’assurance décennale : ce paramètre dépend du chiffre d’affaires, du type d’activités réalisées, de l’historique des sinistres et du niveau de garanties choisi. Prendre le temps de bien comparer les contrats s’avère indispensable : une exclusion mal interprétée peut revenir très cher si un litige éclate par la suite.

Ouvrier signant un document sur un chantier de construction

Bien choisir son assurance décennale : conseils et points de vigilance

Choisir l’assureur qui colle à son activité demande une analyse sérieuse. Il faut s’attarder sur la prime annuelle proposée, car le tarif d’une assurance décennale varie en fonction du secteur d’activité, du risque associé à l’ouvrage, du chiffre d’affaires de l’entreprise et de l’historique des sinistres. D’un contrat à l’autre, l’écart peut être conséquent.

Autre point à ne pas négliger : la franchise prévue en cas de déclaration de dommages. Si elle est trop élevée, elle peut mettre à mal la trésorerie de l’entreprise lors d’un sinistre. Il est aussi nécessaire de décortiquer les garanties incluses : certains contrats se limitent à couvrir des dommages très spécifiques. Une attention particulière doit être portée à la définition de la responsabilité dans le contrat, notamment sur les exclusions ou les protections complémentaires proposées.

Point stratégique : l’attestation d’assurance décennale délivrée par l’assureur doit mentionner sans ambiguïté toutes les activités couvertes. Un oubli ou une imprécision peut se retourner contre le professionnel lors d’un contrôle ou d’un conflit avec le maître d’ouvrage.

Pour faire le bon choix, voici les critères à examiner :

  • Privilégier un assureur qui fait référence dans le secteur de la construction.
  • Contrôler la solidité financière de la compagnie choisie.
  • Se renseigner sur la rapidité de gestion des dossiers sinistres.

La différence se joue aussi sur la qualité du service après-vente : une prise en charge réactive du sinistre limite l’impact financier. Comparer les offres, lire les avis, échanger avec des professionnels du secteur : autant de réflexes qui comptent. Souscrire une assurance décennale, ce n’est pas seulement cocher une case légale, c’est protéger l’avenir de son entreprise pour la décennie à venir. Une précaution qui, en cas de coup dur, fait toute la différence.

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