Jeune homme tenant un contrat de location dans un appartement en déménagement

Caution locative : motifs de non-restitution à connaître pour récupérer un dépôt

27 octobre 2025

Un dépôt de garantie n’est pas automatiquement restitué à la fin d’un bail, même lorsque le logement est rendu. La loi encadre strictement les motifs pouvant justifier une retenue partielle ou totale par le propriétaire. Certains frais, souvent contestés, échappent pourtant à toute légalité, tandis que d’autres sont méconnus des locataires.Les délais imposés pour rendre le dépôt varient selon la situation, et le non-respect de ces échéances ouvre droit à des pénalités. Les recours existent, mais impliquent des démarches précises et la présentation de justificatifs conformes.

Ce que dit la loi sur la restitution du dépôt de garantie

Verser une somme lors de la signature du bail n’est pas une simple case administrative : c’est un garde-fou pour le propriétaire. En location vide, ce montant ne peut dépasser un mois de loyer hors charges. Pour un logement meublé, la réglementation, notamment la loi Alur et la loi du 6 juillet 1989, fixe la limite à deux mois. Impossible d’exiger quoi que ce soit pour un bail mobilité, la règle est invariable.

Le délai accordé au propriétaire pour restituer le dépôt change selon la situation. Si l’état des lieux de sortie ne révèle aucune différence avec celui d’entrée, il a un mois pour rendre la somme. Si des dégradations apparaissent, ce délai s’étend à deux mois. Et en cas de retard, des pénalités viennent majorer le montant dû, sans négociation possible.

Pas question de retenir ce dépôt sans raison solide : le propriétaire ne peut prélever que face à des loyers ou charges restants dus, ou pour financer des travaux consécutifs à des dégradations. Ce qui relève de l’usure normale, la fameuse vétusté, ne peut jamais être facturé au locataire. Seules les vraies détériorations, avérées et attestées, justifient un prélèvement.

Pour chaque retenue, des pièces justificatives sont obligatoires. À défaut, le locataire peut porter le litige devant le juge des contentieux de la protection. Tout ce processus reste strictement encadré par le bail signé et la législation qui s’y applique.

Quels motifs peuvent justifier une retenue par le propriétaire ?

S’octroyer une partie ou la totalité du dépôt n’a rien d’automatique. La législation oblige tout bailleur à s’appuyer sur des raisons concrètes et vérifiables.

Les principaux motifs de retenue prévus par la loi sont les suivants :

  • Le versement du dépôt peut compenser des loyers ou charges qui n’ont pas été réglés. Lors de la régularisation annuelle, si une somme reste due, elle peut être prélevée sur la garantie.
  • Des dégradations constatées lors de l’état des lieux de sortie, par comparaison avec l’état d’entrée, permettent une retenue : peinture détériorée, trous, vitres brisées, équipements abîmés dans un meublé… Chaque réparation doit être justifiée à l’appui de devis ou de factures.
  • La taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM) peut être retenue si elle n’a pas encore été régularisée, mais le propriétaire doit restituer la somme au locataire dès présentation du justificatif correspondant.

Rappel utile : l’usure du temps ne regarde jamais le locataire. La grille de vétusté annexée au bail sert justement à distinguer ce qui relève de l’usage normal des vraies dégradations.

Vos droits face à une non-restitution : comment réagir sereinement

Recevoir un refus de restitution n’a rien d’insignifiant. Les règles sont nettes : un mois pour rendre la somme si rien ne s’oppose lors de l’état des lieux, deux mois en cas de constat de travaux ou de litige. Passé ce délai, des pénalités de retard s’appliquent d’office, calculées sur le montant consigné en début de bail.

Avant de formaliser votre contestation, demandez au propriétaire un détail complet et clair des montants retenus, justificatifs à l’appui : devis, factures, photos. Cette simple démarche permet souvent de débloquer la situation. Si le bailleur persiste à ne pas répondre ou à refuser, l’envoi d’une mise en demeure par courrier recommandé, en évoquant les textes de la loi du 6 juillet 1989 et la loi Alur, s’impose.

Pour agir, plusieurs solutions existent selon le degré de blocage :

  • Si le propriétaire reste silencieux, la commission départementale de conciliation peut aider à trouver un terrain d’entente. Cette institution propose un règlement amiable, sans frais.
  • Ultime étape : saisir le tribunal judiciaire ou le juge des contentieux de la protection. Pour les litiges inférieurs à 10 000 euros, la procédure reste accessible, sans obligation de représentation par avocat.

Rien n’est automatique pour obtenir la restitution de la caution, mais la loi protège réellement le locataire et lui offre des moyens concrets pour récupérer ce qui lui revient. Conservez chaque pièce, chaque échange écrit ; preuve à l’appui, la rapidité de réaction et la clarté de la démarche font souvent pencher la balance.

Femme examinant des carreaux endommagés dans une cuisine lumineuse

Étapes et ressources pour contester une retenue injustifiée

Avant toute chose, exigez du propriétaire ou de l’agence un justificatif précis, détaillant chaque somme retenue. Celui-ci doit présenter tous les éléments : factures, devis, références à la grille de vétusté, aucun retrait ne doit se faire dans le flou. Vos états des lieux d’entrée et de sortie constituent le socle de votre dossier : passez-les en revue, ligne par ligne.

Si la situation stagne, il est conseillé de rédiger une lettre de contestation chiffrée, mentionnant les textes légaux et la somme exacte en jeu. Ce courrier, envoyé en recommandé avec accusé de réception, conditionne toute démarche future.

Sollicitez la commission départementale de conciliation

En cas de blocage persistant, la commission départementale de conciliation a vocation à intervenir sur les litiges liés au dépôt de garantie. Gratuit et rapide, ce dispositif aide à résoudre la plupart des contentieux en quelques semaines seulement. Il reste alors à bien préparer chaque pièce du dossier : bail, états des lieux, échanges, justificatifs de solvabilité.

Lorsque le dialogue est complètement rompu ou face à des interlocuteurs de mauvaise foi, faire appel à un professionnel du droit peut devenir décisif, notamment pour constituer un dossier solide devant le tribunal judiciaire. Sans cette ultime étape, certains locataires renoncent à une restitution qui leur est pourtant due.

La restitution du dépôt de garantie, ce n’est ni une formalité ni une faveur : c’est le dernier acte d’un parcours locatif où chaque détail compte. L’enjeu ne se limite jamais à une question de chiffres : il s’agit d’un véritable droit à défendre, jusqu’au bout du bail.

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